La posture immobile est synonyme de yoga quand la danse est plutôt associée au mouvement dans l’espace.
Mais nous savons bien qu’un corps immobile peut être en état de danse, comme dans différents états d’ailleurs (sommeil, rêverie, absorbtion télévisuelle, relaxation profonde, écoute …) comme tout ce qui bouge dans l’espace n’est pas forcément dansé !
Alors ! ?
Qu’en est-il de cette immobilité « yoguique » et de cette mobilité dansée ?
Ne peut-on pas aller de l’un à l’autre et de l’autre à l’un
Quel est donc cet état ?
Quels pourraient être les points communs entre l’état de danse et l’état de yoga ?
Comment relier ces deux états de corps ?
Pourquoi les relier ?
Je te propose de faire l’expérience d’un corps intensément présent mais qui s’abandonne et s’efface au profit du souffle.
Tu trouveras ci-après un guidage pour entrer dans une posture, la quitter brièvement pour explorer l’espace alentour et y retourner.
Si tu préfères voici la version audio pour te laisser guider…

Nous partons de la posture de l’arbre / vrikshasana.
Il est préférable d’être pieds nus. Il n’est pas nécessaire de pouvoir aller au sol, les indications données étant adaptables à ton environnement. Il n’est pas non plus nécessaire d’avoir un tapis. Il est en revanche important que tu connaisses cette posture et que tu l’aies déjà pratiquée en utilisant éventuellement des modifications qui te permettent d’y demeurer confortablement quelques respirations (4-5). Avoir quelques notions de danse contemporaine sera utile, comme le fait de lâcher une partie du corps dans son poids, ou de générer un élan avec une partie du corps. Tu peux essayer ! ce sont des notions que tout un chacun peut trouver à sa manière !Enfin, je te propose une forme de la posture qui est spécifique n’hésite pas à adapter par exemple en gardant les orteils au sol.
- Construire
Tu es debout, les pieds légèrement espacés, les jambes parallèles. Les bras le long du corps.
Regarde autour de toi, prends conscience de ton environnement, de ton espace, l’espace dans lequel tu vas inscrire cette danse.
Puis ferme les yeux, écoute ton souffle spontané, quel qu’il soit.
Ressens tes pieds posés sur le sol, le poids de ton corps sur tes deux pieds, visualise l’empreinte qu’ils laisseraient sur un sol humide.
Puis remonte vers tes jambes parcours-les mentalement : le bas de jambes, les genoux, les cuisses, les hanches.
Fais en sorte de sentir la transmission de la force du sol, de tes pieds vers tes jambes, vers ton bassin.
Visualise ton bassin, équilibré.
Remonte vers ton bas ventre, tu peux laisser raisonner une légère contraction remontante du périnée vers ton nombril sur une expiration et la laisser s’évanouir sur l’inspiration qui suit.
Tu sentiras ainsi un appui supplémentaire auquel recourir au moment voulu.
Laisse s’allonger ta colonne vertébrale, ton axe de vie et ses multiples racines nerveuses pouvant aisément symboliser le tronc d’un arbre ainsi que ses branches.
Continue vers le volume de ta tête que tu laisses se poser sans tension.
Ta mâchoire est détendue, tes dents desserrées. Laisse le souffle te traverser.
Ressens-le dans ton buste, dans ton dos, dans ton ventre, dans ton bassin…
Tes bras sont suspendus depuis le milieu de ta poitrine.
Tu vas les laisser tourner, paumes de mains vers l’avant et déplacer le poids de ton corps sur la jambe gauche.
Tu allèges donc le poids de ton corps à droite et tu fais tourner ta hanche droite dans ta rotation externe, orteils en contact avec le sol.
Laisse ton pied droit remonter le long de ta jambe gauche, ta plante de pied caresser l’intérieur de ta jambe d’appui. Ton bras droit va passer devant ta cuisse droite et tu vas saisir ta cheville droite pour positionner ton talon dans le pli de l’aine, contre ton périnée.
Reste bien solide sur ta jambe gauche, sans te crisper, continue à suivre tes souffles.
Équilibre la pression de ta plante de pied et de ta cuisse, garde ton bassin « à flots ».
Enfin, tes bras tracent un large cercle sur les côtés de ton corps pour se rejoindre au-dessus de ta tête, tes mains se touchent.
Ressens le sol sous ton pied, laisse-le descendre, ton pied, comme une racine dans la terre. Détend ton pied, ancrage souple et vivant, laisse-le accueillir le support.
Ressens ton plancher pelvien comme une deuxième racine.
Dans la posture ainsi construite, suis 5 souffles spontanés qui vivifient la pose. Ton regard est posé sur un point extérieur et en même temps tourné vers tes sensations internes.
- Quitter, explorer
Plie les coudes pour former un chandelier et lâche le poids du bras gauche (celui de la jambe d’appui).
Ramène le coude droit et le genou droit vers devant.
Déplie ce bras et cette jambe vers l’arrière pour poser ton pied et mettre du poids dessus, tu suis ton bras des yeux.
Ton pied de devant s’est allégé.
Avec un élan du bras droit tu reviens sur ton pied gauche et tu poursuis vers 4 pas dans la ou les directions de ton choix.
Ces actions peuvent être accomplies en faisant des pauses entre chacune, c’est que je te suggère en premier lieu.
Il s’agit de garder le fil conducteur du souffle.
Tu peux ensuite les enchaîner plus ou moins rapidement selon ta propre musique.
Tu peux introduire des silences ou pas.
Tu peux jouer avec des accélérations et /ou des ralentis.
Tu peux enfin te laisser surprendre par un univers musical sans jamais vouloir le suivre ou y adhérer complètement.
Seuls comptent la continuité et la conscience de ton souffle.
- Retour
Tu reconstruis la posture initiale selon les étapes du 1.
Tu peux recommencer sur ton autre jambe.
La posture comme départ d’écriture du geste dansé, comme ponctuation, comme réservoir d’énergie à déployer et à « reployer ».
Un éternel retour. Un aller-retour. Les relations du Yoga à la danse comme une métaphore de la vie et l’hypothèse que cet état de yoga que je cultive sur mon tapis dans un endroit dédié pourrait s’étendre et se diffuser à toutes les sphères de mon existence, dans une continuité pleine d’évènements multiples.