Lors de ce stage nous avons exploré le thème de l’ancrage, de la terre, du sol et de la relation que l’on tisse avec, en essayant d’y mettre un peu plus de conscience. Pour amener ce travail et relier yoga et danse, je me suis appuyée notamment sur le guna Tamas. Dans la philosophie classique du yoga on distingue 3 états de la matière (les gunas : tamas, rajas, sattva) issus de la différenciation progressive du “un” vers le multiple et qui composent à différents dosages selon les contextes tous les éléments du réel (la manifestation) y compris nous-mêmes êtres humains. Une manière de “modifier” cet état est de le manipuler, de jouer avec, à travers les états de corps dans la danse.
Tamas est l’état d’hibernation, d’inertie, d’immobilité, de préparation aussi, de sommeil et d’obscurité. Ce peut être traduit corporellement et gestuellement par la lourdeur dans les déplacements, la lenteur, un niveau d’espace bas, proche du sol, presqu’englué. On peut évoquer verbes d’actions : ramper, traîner, glisser, freiner … les mots de profondeur, repli, silence, adhérence … pour illustrer la danse.
>> Tout en amorçant un travail préparatoire autour de l’éveil tactile des pieds (automassage, balle, marches, courses) nous avons installé une relation au souffle pour aller vers une assise et une conscience du bassin et de la base, siège du centre en lien avec la racine, la terre et le bija mantra associé LAM.
>> L’exploration qui a suivi s’est contrastée autour des deux aspects du rapport au sol et à la terre, la lourdeur, l’absorption on pourrait dire et la capacité à “prendre appui”, à se servir du sol pour s’ériger, se construire.
Je remarque souvent dans les cours la difficulté de certain-es à “comprendre” corporellement la notion de “se repousser de”. Ce travail reliant yoga et danse a pu aider à ressentir ces notions (aller vers, s’éloigner de, prendre appui pour …) à travers une poétique du geste.
En effet, les appuis se sont symboliquement élargis à l’espace (l’air), aux murs et aux autres personnes, à la musique … ce qui nous a amenées à construire la danse avec ces qualités sur la musique dense et porteuse à la fois de Julia Kent.