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D’où vient le yoga ?

Cet article est consacré à la traduction libre du texte de James Mallinson Yoga and Religion, issu d’une conférence sur le yoga moderne donnée à Londres le 12 mars 2013. J’ai pu omettre volontairement certains passages mais grosso modo cela suit l’article en anglais avec l’idée principale pour moi qui est que le yoga a de nombreuses sources liées à l’histoire et à la variété des religions / évolutions philosophico-spirituelles de l’Inde. Notre hatha yoga moderne est en fait un métissage de pratiques anciennes ascétiques (non védiques) et de pratiques tantriques médiévales. Il a été plus ou moins adopté (récupéré ? ) par l’orthodoxie brahmanique. En tout cas il en ressort que le yoga est pour tous-tes et qu’il n’est pas besoin de croire en une quelconque divinité pour pratiquer. La pratique étant ce sur quoi s’appuyer et ce qui nous amène éventuellement quelque part…

Nathalie

Ce texte date du 8 mai 2013 et est visible dans sa version originale via le lien

La pratique du yoga aux Etats-Unis n’a cessé de croître ; le yoga est devenu une véritable industrie venant poser problème, de par sa connotation spirituelle, à l’introduction du yoga dans certaines écoles catholiques. Qui plus est, la paternité et la propriété du yoga se voient maintenant revendiquées par des Américains hindous. La question qui se pose véritablement est de savoir si le yoga est hindou et qui a le droit ou pas de le pratiquer. 

 Le hathayoga qui met l’accent sur l’aspect physique et dont le yoga moderne est largement inspiré, s’est constitué principalement entre le 11ème et le 15ème siècle. Les récents scandales sexuels autour du yoga ne sont pas surprenants étant donné que le yoga a pu être selon certaines traditions un culte sexuel. 

Voir à ce propos l’article.

Mais ces aspects historiques ne sont que peu étudiés. En effet, les trois textes qui reviennent toujours comme références du hathayoga furent choisis arbitrairement au 19ème siècle et donnent du yoga un point de vue limité. Il s’agit de laŚivasaṃhitā, la Haṭhayogapradīpikā et la Gheraṇḍasaṃhitā. 

Ce qu’il apparaît aujourd’hui suite à l’étude d’autres corpus de textes est une origine double du hathayoga. La premièreest présente avant l’ère commune (avant J-C), au sein des fameuses épopées sanskrites que sont le Mahābhārata et le Rāmāyaṇa ainsi qu’au sein de textes bouddhistes (canon Pali) et de récits rapportés par l’entourage d’Alexandre Le Grand. Cette tradition source est largement représentée par des ascètes adoptant des postures difficiles, tenues parfois très longtemps ainsi que des rétentions du souffle et des mudrās. Le but de ces pratiques était de calmer l’esprit et d’accroître la quantité d’énergie liée à l’ascèse. Appelée tapas, cette énergie, associée au célibat, était supposée apporter des pouvoirs surnaturels et libérer du cycle des renaissances.

Battle at Lanka, Ramayana, Udaipur, 1649-53
Battle at Lanka, Ramayana, Udaipur, 1649-53

La deuxième, formalisée entre 1000 et 1500 après J-C provient d’écoles tantriques associées de manière erronée à des pratiques sexuelles qui furent toujours relativement minoritaires. Durant les 9ème et 10ème siècles, certaines traditions tantriques développèrent diverses techniques de visualisation d’une énergie féminine appelée kundalini enroulée à la base de la colonne vertébrale et censée se déployer le long de la colonne à travers les cakras pour s’unir dans la tête à une divinité masculine. 

 Ces visualisations tantriques associées aux pratiques physiques des ascètes se combinèrent au sein du hathayogaLes pratiquants restent malgré tout des ascètes célibataires. Leurs enseignements transmis oralement de maître (guru) à élève. La tradition la plus ancienne remonte à plus de 2000 ans et les descriptions trouvées de ces pratiques sont issues d’étrangers. Le corpus hathayoguique en lui-même date des 11ème et 12ème siècles. Les pratiques les plus ardues pour entretenir le tapas restent un enseignement oral et l’enseignement de la tradition ascétique au sein des textes sanskrits avait pour but d’amener la pratique vers un public plus large et de l’adapter aux « pères de famille ». 

 De la même manière, la tradition tantrique du premier millénaire composée de différentes « sectes » accessible après une initiation donnée par un guru, comprenait des visualisations spécifiques, la répétition de mantras et l’utilisation de diagrammes rituels secrets : les mandalas. Ces caractéristiques rituelles spécifiques sont omises des textes de hatha yoga du 2ème millénaire afin de rendre les enseignements ouverts à tous. 

Au 13ème siècle en Inde, de nombreuses traditions religieuses cohabitent et le yoga se veut ouvert à tous y compris ceux qui n’y consacrent pas toute leur vie et y compris même ceux considérés comme athées (carvaka). Seule compte la pratique. Les textes sanskrits sont écrits par des hommes (des brahmanes), peu de choses concernent directement les femmes. Cependant certaines références montrent que des femmes aussi pratiquaient le yoga. La Haṭhayogapradīpikā est le texte le plus « inclusif », le yoga s’adressant aussi aux personnes âgées et aux infirmes. Ses enseignements ne reflètent aucune tradition en particulier, il n’y est fait aucune mention de mantrasmandalas, d’initiation et pas même des cakras.Le système des cakras, aujourd’hui universellement accepté et connu n’est pas mentionné pour ne pas trahir un héritage tantrique trop évident. 

By Unknown author – virasana/8gHAsMrw4u3BGQ — Google Arts & Culture, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=109360464

 L’universalisme du hathayoga signifiait donc qu’il pouvait être adopté par n’importe quelle tradition religieuse et adapté aux fins de celle-ci ; ce qui a pu parfois impliquer paradoxalement le déni de son universalité… Les techniques du yoga se rencontrent donc au sein de textes jaïnistes et bouddhistes. La Śivasaṃhitāun des derniers textes parmi ceux du corpus hathayoguique précoce, enseigne le yoga selon une tradition tantrique spécifique incluant des mantras secrets. Dans le même temps, le yoga est aussi devenu populaire auprès des musulmans indiens tout d’abord grâce à l’interaction entre des soufis et des yogis ascétiques. 

Par la suite apparaissent des textes non sanskrits, en arabe, perse, turc, ourdou comme le Bahr al-HayātOcean of Life (Océan de vie) manuscrit illustré publié en 1602 qui montre des peintures de postures Āsanas non assises. Ces ouvrages furent diffusés dans le monde musulman par des nobles et continuent aujourd’hui d’être utilisés au sein des ordres soufis. 

Il est donc clair que lors de sa période de « codification, le hathayoga est perçu comme pouvant être pratiqué par quiconque. 

 Mais le yoga est-il hindou ? Avant de répondre à cette question il faut préciser que le mot « hindou » lui-même est problématique. En effet, ce terme a d’abord été utilisé par des étrangers pour désigner les habitants de la région du fleuve Indus. Sa signification religieuse est apparue plus tard avec deux origines possibles : 

  • la religion immémoriale indienne ou sanātana dharma
  • invention des colons anglais

La vérité doit se trouver quelque part entre ces deux acceptions étant certain qu’il n’y a jamais eu un ensemble organisé appelé « hindouisme » à côté du bouddhisme et du jaïnisme. La / les religion(s) indienne(s) a /ont toujours compté un grand nombre de points de vue différents. 

Lorsqu’une telle fiction (unité de l’hindouisme) est proposée, elle fait en général référence aux traditions védiques et brahmaniques. Mais si nous regardons l’histoire précoce du yoga nous constatons que celui-ci est apparu en dehors de ces traditions

 Le terme « yoga » en tant que moyen de salut (sotériologie) apparaît tout d’abord dans des textes brahmaniques datant des derniers siècles avant J.C pour décrire les pratiques d’ascètes non brahmanes. Leurs pratiques yoguiques sont considérées aujourd’hui comme l’un des traits caractéristiques de l’hindouisme mais l’origine de ces pratiques se trouve en dehors des traditions védiques et brahmaniques. Cette origine se trouve en fait chez les ascètes de la région à l’est d’Allahabad dans le nord de l’Inde connue comme le royaume de Magadha. De cette origine ressortent les pratiques du végétarianisme et de la renonciation. Mais peut-être que les concepts les plus associés à l’hindouisme sont ceux de karma et de renaissance que l’on ne trouve pas dans les textes védiques mais qui furent adoptés assez tôt dans la religion brahmanique. 

 L’indicateur le plus connu de l’adoption du yoga par l’orthodoxie brahmanique est le texte de Patajanli Yogasūtra datant du 4ème siècle qui enseigne une méthode sotériologique basée sur l’apaisement du mental par la méditation et le contrôle du souffle mais aucune des techniques physiques du hathayoga. De même que les méthodes sotériologiques appelées yoga dans les premiers textes sanskrits, les enseignements des Yogasūtra tirent leur origine de traditions non brahmaniques comme le bouddhisme. Mais même avec la composition des Yogasūtra, le yoga  ne fut pas accepté par les traditions brahmaniques les plus orthodoxes, et n’a pas cherché à l’être. Dans les Sāṃkhyakārikā (autour du 5ème siècle),la philosophie du yoga et son système associé le Sāṃkhya, s’oppose à la religion védique brahmanique du fait des sacrifices animaux de celle-ci. 

 Les défenseurs d’un hindouisme brahmanique immémorial, s’appuient souvent sur les six supposés classiques darśanas dont l’un se trouve être le yoga. Mais le yoga n’apparaît pas dans les listes des darśanas avant le 12ème siècle avec le Sarva-Siddhānta-Saṅgrahaḥ. Le yoga n’est alors qu’un système métaphysique et une méthode de méditation. Les techniques physiques du hathayoga étaient alors toujours mises de côté par les milieux brahmaniques orthodoxes comme elles l’ont été pendant plus d’un millénaire. Dans la bhagavad-gītā, qui date des premiers siècles de l’ère commune Krishna rejette les pratiques physiques ascétiques comme étant de l’ordre de la frime. Ce n’est qu’avec la composition des premiers textes sanskrits du corpus hathayoguique que les pratiques physiques commencèrent à intégrer le courant du yoga. 

 Après l’universalisation des enseignements du hathayoga entre les 11ème et 15ème siècles, ses pratiques commencèrent définir le yoga orthodoxe qui allait lui-même devenir pour l’élite intellectuelle du moins, la méthode sotériologique indienne dominante ; au sein de la population générale cela devint la bhakti (dévotion). Dans les siècles qui suivirent cette période de formation, les techniques du hathayoga se mêlèrent aux méthodes yoguiques basées sur la méditation déjà adoptées par la tradition brahmanique notamment au sein des textes « Upanishads du Yoga » aux 16ème et 17ème siècle. Contrairement aux distinctions modernes proposées par Swami Vivekananda et d’autres, entre un rājayoga mental et un hathayoga physique qui lui serait inférieur, dans l’Inde médiévale classique, le hathayoga était perçu intégralement comme le yoga classique de Patanjali. Les méthodes du yoga se mêlèrent également à la philosophie du Vedanta dont l’Advaïta ou « non-dualité », reflétant la trajectoire du yoga, devenait la philosophie dominante de « l’hindouisme » émergent. Cette combinaison d’Advaita et de yoga est devenue la pierre angulaire de la sanātana dharma que les défenseurs de l’hindouisme clament aujourd’hui comme étant son essence originelle. 

 En somme, bien que le yoga dans sa version hatha ou méthode physique et difficile soit devenu une part du courant hindouiste dans la période médiévale, il n’en a pas toujours été ainsi et le proclamer comme un élément clé d’une tradition hindoue immémoriale démontre une connaissance pauvre de l’histoire religieuse indienne. 

 Une question peut-être plus pertinente pour les pratiquants de yoga moderne que celle de savoir si le yoga est ou n’est pas hindou (surtout à la lumière des recherches actuelles qui montrent que les techniques modernes du yoga sont tirées d’un grand nombre de traditions), serait de savoir si ces pratiques s’enracinent dans un système métaphysique qui pourrait constituer les principes d’autres systèmes religieux. A première vue il semble que oui : les textes font part d’une croyance dans les principes de la réincarnation et ses corollaires, la libération du cycle des renaissances ; la pratique du yoga étant parfois considérée comme le fruit des bonnes actions accomplies dans les vies passées et ayant pour but la libération ultime. Mais, comme mentionné plus tôt, le premier texte à enseigner le hathayoga précise que le yoga fonctionne aussi pour les athées, qui ne croient pas au karma ou à la réincarnation. Le Saradatilaka un ouvrage tantrique moderne dans lequel sont inclus des enseignements de hathayoga, ouvre son chapitre final avec la liste de quatre définitions opposées de la métaphysique du yoga. Il n’en privilégie aucune mais encourage simplement à la pratique du yoga, l’implication étant que quel que soit votre objectif métaphysique, le yoga vous y amènera. 

Yogini, India, Uttar Pradesh, Kannauj, first half of the 11th century, sandstone, 86.4 x 43.8 x 24.8 cm.
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Les stages de juillet

La programmation des stages de juillet est maintenant à jour avec notre partenaire eversports

Vous pouvez suivre ces stages de manière globale ou en cours à l’unité.

Pilates Du mardi 4 au vendredi 7 juillet de 19h à 20h

Pilates du lundi 10 au jeudi 13 juillet de 12h30 à 13h30

Yoga du lundi 10 au jeudi 13 juillet de 18h30 à 20h30

Danse contemporaine cours et atelier lundi 17 et mardi 18 de 19h à 20h30

Ces stages sont ouverts à tous-tes pour découvrir ou approfondir, il n’y a pas de niveau pré requis.

Profitez d’un tarif réduit pour les inscriptions anticipées.

Au plaisir de vous y retrouver !

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Formation à l’enseignement du yoga

Une formation originale et certifiante qui vise à développer votre propre voie-x d’enseignement dans le respect du yoga et des personnes.

La formation à l’enseignement du yoga à L’Atelier se décline de 2 manières : 

  • une version “courte” sur 12 mois: les bases de l’enseignement du yoga
  • une version “longue” sur 16 mois: Enseigner la transmission du yoga (CP FFP) en partenariat avec la fédération nationale des professeurs de yoga FNPY et incluant la formation à l’enseignement de la pratique en pré et post natal et la formation Lignes de Souffle proposant des liens pertinents entre le yoga et la danse contemporaine. 

>> Vous souhaitez plus de renseignements sur les contenus, le coût, les financements possibles : 

Consulter la page

 contactez le studio. 

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Stage Lignes de souffle samedi 11 février / relation aux appuis, la terre

Lors de ce stage nous avons exploré le thème de l’ancrage, de la terre, du sol et de la relation que l’on tisse avec, en essayant d’y mettre un peu plus de conscience. Pour amener ce travail et relier yoga et danse, je me suis appuyée notamment sur le guna Tamas. Dans la philosophie classique du yoga on distingue 3 états de la matière (les gunas : tamas, rajas, sattva) issus de la différenciation progressive du “un” vers le multiple et qui composent à différents dosages selon les contextes tous les éléments du réel (la manifestation) y compris nous-mêmes êtres humains. Une manière de “modifier” cet état est de le manipuler, de jouer avec, à travers les états de corps dans la danse.

Tamas est l’état d’hibernation, d’inertie, d’immobilité, de préparation aussi, de sommeil et d’obscurité. Ce peut être traduit corporellement et gestuellement par la lourdeur dans les déplacements, la lenteur, un niveau d’espace bas, proche du sol, presqu’englué. On peut évoquer verbes d’actions : ramper, traîner, glisser, freiner … les mots de profondeur, repli, silence, adhérence … pour illustrer la danse.

>> Tout en amorçant un travail préparatoire autour de l’éveil tactile des pieds (automassage, balle, marches, courses) nous avons installé une relation au souffle pour aller vers une assise et une conscience du bassin et de la base, siège du centre en lien avec la racine, la terre et le bija mantra associé LAM.

>> L’exploration qui a suivi s’est contrastée autour des deux aspects du rapport au sol et à la terre, la lourdeur, l’absorption on pourrait dire et la capacité à “prendre appui”, à se servir du sol pour s’ériger, se construire.

Je remarque souvent dans les cours la difficulté de certain-es à “comprendre” corporellement la notion de “se repousser de”. Ce travail reliant yoga et danse a pu aider à ressentir ces notions (aller vers, s’éloigner de, prendre appui pour …) à travers une poétique du geste.

En effet, les appuis se sont symboliquement élargis à l’espace (l’air), aux murs et aux autres personnes, à la musique … ce qui nous a amenées à construire la danse avec ces qualités sur la musique dense et porteuse à la fois de Julia Kent.

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Formation à l’enseignement du yoga

>> A L’Atelier d’avril 2023 à mai 2024 pour la formation de base

La formation à l’enseignement du Yoga que je vous propose est une approche ouverte qui vous amène vers la rencontre de ce qu’est pour vous le Yoga. Au travers de la posture, du souffle, de la conscience, de la connaissance, vous cheminez vers votre propre enseignement.  Nathalie

Calendrier

Contenus détaillés

Référentiel/Organisation de la formation

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Formation Pilates au sol Petit Matériel

Lors de cette formation vous approfondissez l’enseignement des exercices de base au sol en y ajoutant de manière pertinente du “défi” ou de l’assistance à l’aide du petit matériel.

Les 3 journées sont consacrées essentiellement à la pratique avec le gros ballon (Swiss ball), le cercle magique et le rouleau. Ces 3 accessoires principaux sont complétés par la sangle et bande élastique ainsi qu’avec le petit ballon (ballon paille) qui ont des utilisations similaires à préciser en fonction des exercices. L’aspect théorique est consacré aux techniques d’étirement, la distinction est faite entre les techniques “passives”, les techniques “actives” et celles activo-passives toujours en lien avec la pratique et les accessoires proposés.

Pré requis : formation Mat 1 ou les bases à L’Atelier ou autre contacter le studio.

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Mon chemin vers le Yoga …

Le yoga est à la mode, les offres de cours et de formations sont pléthore.

Une manière de répondre peut-être à cette angoisse, à cette souffrance constitutive de l’humain; un désir d’évolution, une nécessité de changement (si difficile à installer) dans nos modes actuels d’être, de vie, de relation; un besoin de retour à soi et la recherche d’un essentiel

C’est bien ou pas … ? Il semblerait malgré tout que nous n’ayons jamais eu tant besoin de modifier nos habitudes, on dirait “élever” nos consciences (mais j’aime pas trop car cela donne une hiérarchie), j’aime mieux ( c’est sans doute ma sensibilité de danseuse “horizontale”): ouvrir en nous et autour de nous des espaces de possibles, accueillir le nouveau …

Le Yoga c’est vrai, peut être un formidable outil d’évolution; cela m’a permis à moi il y a 14 ans de calmer cette agitation tourbillonnante, de revivifier ma créativité, de me réconcilier avec la danse, de trouver mon souffle …

J’ai commencé le Yoga alors enceinte de mon deuxième enfant, je me suis aventurée intuitivement vers ce cours de Yoga et méditation pour femmes enceintes. Postures, pranayama, méditation et Yoga Nidra, j’ai eu la chance de trouver un cours “complet” qui m’a permis de toucher du doigt le Yoga.

J’ai continué. J’ai été surprise par moment de pouvoir m’arrêter, de m’asseoir pour juste observer l’activité mentale, mon souffle, mes émotions, cette oppression thoracique… Je me suis dit : mais que dirait … si l’on me voyait là assise en groupe “à ne rien faire” alors que mon mari s’occupe des enfants … et j’ai commencé à entrevoir mes fabuleux conditionnements.

Plus tard, alors que je donnais jusqu’à 7h de cours de danse le mercredi j’ai pu me “nettoyer”, le jeudi soir de toutes les fatigues physiques et mentales… peu à peu je suis entrée en contact avec des plans plus subtils de mon être, j’ai pu ressentir et dialoguer avec mes flux d’énergie.

Je ne souhaitais pas enseigner le Yoga alors, je sentais bien tout le chemin, l’ampleur de la pratique la nécessaire découverte progressive de tous ces pans de mon être.

En 2015 alors gérante de L’Atelier Pilates et toujours pratiquante j’ai souhaité commencer à me former à l’enseignement. Je suis allée d’abord chez Bernadette de Gasquet à Paris, le corps physique, la biomécanique, le placement, voilà qui me parlait en tant que danseuse et prof de danse, la formation s’est étalée sur un an à raison de 3 modules de 3 jours chacun. Puis l’ENPY pendant 3 ans où je me plonge avec délectation, en plus de la pratique posturale douce et attentionnée, dans la philosophie indienne, les racines du yoga, complexes car bien transformées par tous les métissages. Trois ans de partage avec un groupe soudé et bienveillant qui se terminent avec un cadeau inattendu de la vie : un 3ème bébé.

Je me tourne ou re-tourne ensuite vers le Yoga Nidra qui me ressource complètement et m’amène à explorer l’épaisseur des champs de conscience. Je pratique avec Mathieu, Micheline Flak et me forme pendant deux ans avec Christian Tikhomirov.

J’ai continué à me former auprès de Blandine Calais Germain, je reviens au corps physique … le yoga c’est entre autres, des allers retours vers ces différents corps qui s’interpénètrent , ces différents états de conscience.

Je suis sensible à un Yoga que l’on dit “tantrique”, qui ne renie pas le corps ni les émotions mais en fait des outils de connaissance. Je trouve beaucoup d’inspiration dans les écrits de Colette Poggi, David Dubois et les traductions des poètes- philosophes du sivaïsme du Cachemire. Le yoga ouvre un espace, nous ouvre à l’espace et c’est d’une saveur que ne pouvons que souhaiter toucher du doigt.

Alors oui le Yoga est un chemin ou un espace … comme la vie, comme la danse avec laquelle tisser des liens, des Lignes de Souffle

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Notre formation Pilates et Yoga en pré et post natal

Prochaines dates : 29 avril, 30 avril et 1er mai à Toulouse Contact

La formation proposée à L’Atelier invite à une approche originale combinant plusieurs pratiques corporelles adaptées aux périodes pré et post natales.

Ces périodes, ô combien riches et fondatrices dans la vie d’une femme viennent apporter un renouveau par la présence de la vie même mais aussi bousculer un vécu, une histoire de l’être dans son ensemble (corps, psyché et environnement).

La pratique corporelle durant ces périodes est fondamentale et souvent demandée car le corps parfois oublié se fait plus présent.

Il s’agit de pouvoir accompagner une pratique adaptée et bien différente selon les femmes mais aussi selon la période: avant (ouverture, se laisser traverser) ou après la naissance (rassembler, recentrer).

Pré natal

Anatomie vivante du bassin, périnée, abdominaux : toucher, mobiliser, sentir, visualiser.

Yoga postures et enchaînements adaptés : ouvrir, sentir, fluidifier, ancrer.

Pilates, fondamentaux adaptés, pratique avec matériel (gros ballon, petit ballon, rouleau)

Douleurs, inconforts fréquents et adaptations

Relaxation, postures aménagées et guidage sensations corporelles (parties du corps, souffle, appuis etc..)

Respiration, pratiques adaptées : complète, ujjayi, nadisodhana.

Post-natal

Anatomie, le corps après la naissance. Les besoins.

Yoga, postures et enchaînements adaptés : drainer, remonter, se retrouver.

Pilates, exercices adaptés toujours sans poussées, retonifier en douceur, recentrer, rassembler, pratique avec le cercle, la sangle.

Pratiques respiratoires adaptées au post natal : kapalabathi, bandhas (mula bandha, jalandara bandha, uddyana bandha).

Relaxation, récupération, postures de portage et d’allaitement.

Nathalie est danseuse, professeure de danse contemporaine D.E, enseignante de Hatha Yoga et de Yoga Nidra (relaxation profonde), enseignante et formatrice Pilates selon une approche somatique. Elle est aussi et surtout maman de 3 enfants, 3 vécus de grossesse, de naissances et de pratiques qui viennent enrichir et soutenir un enseignement empreint de partage, d’écoute et d’ouverture.

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Le Pilates comme pratique somatique

« When your muscles are properly developed you will as a matter of course, perform your work with minimum effort et maximum pleasure”. J. Pilates (1883-1967)

Que signifie somatique ? Le mot vient du grec “soma” qui  signifie “corps”, on l’oppose à “psychique” pour désigner ce qui concerne exclusivement le corps. Il s’agirait d’une “intelligence” ou  d’un “savoir” proprement corporel, peut-être un “savoir être” … Ressentir son corps de l’intérieur, être attentif aux fluctuations sensibles des appuis,  des transferts de poids, des angulations articulaires, du tonus musculaire engagé,  de la tactilité au sens large… et être ainsi à même d’ajuster et d’adapter  son effort pour accompagner le corps dans sa recherche constante d’équilibre des fonctions (homéostasie).

Les pratiques dites somatiques couramment citées sont la méthode Feldenkrais, l’Eutonie, la méthode Alexander, le Body Mind Centering … Souvent, il y est question d’équilibre, d’écoute du corps pour “déconditionner”, défaire des habitudes de mouvement  néfastes, désapprendre pour réapprendre; non pas pour se re-conditionner différemment mais pour savoir faire varier les réponses et s’adapter.

Il y est question aussi, plus ou moins suivant les techniques, d’harmoniser le tonus musculaire : on ne cherche pas à aller au maximum de son effort, on recherche l’effort “juste”: “quality vs quantity” .

Le Pilates n’est pas à l’heure actuelle associé à ces pratiques, on le range plutôt du côté des pratiques sportives complémentaires,  préparatoires ou rééducatives ou on l’appelle “gym douce”.  C’est une option. Mais alors pourquoi insister sur cet aspect somatique ou pourquoi le privilégier ?

Qu’est-ce que cela apporte dans l’enseignement?

Pour moi cela change complètement le point de vue et la manière de pratiquer. On ne va pas partir de l’extérieur, d’une forme à atteindre.  Nous rejoignons en cela la définition que donne Thomas Hanna (1928-1990), philosophe et théoricien du mouvement,  d’une pratique  somatique.

L’approche a été définie clairement comme un moyen de rééducation via le système neuro-musculaire suite à des douleurs corporelles chroniques et des blessures récurrentes. Le corps et l’esprit ne font qu’un (cela était déjà dans l’air du temps depuis Delsarte (1811-1871) dont les idées ont bien imprégné toute la danse moderne du début du 20ème siècle et auxquelles Pilates a aussi été sensibilisé).

La douleur n’est jamais souhaitée ou recherchée ; nous sommes à l’opposé du « no pain no gain ».

La lenteur (ou en tout cas l’absence d’impact), l’écoute, la modulation du tonus musculaire en fonction du type d’exercice et d’effort me semblent complètement appartenir au registre du Pilates. Il ne s’agit pas de renforcement musculaire pur et dur mais d’une éducation à l’engagement musculaire adapté et respectueux de l’ensemble du corps.

Privilégier une approche somatique du Pilates permet d’écouter ce “corps parlant” et de partir de lui, d’en restaurer la fonctionnalité, c’est à dire l’adaptation aux contraintes de l’environnement.

La sédentarité est une contrainte, un stress pour le corps et réapprendre à bouger et à engager son tonus musculaire de manière pertinente constitue un des objectifs principaux du Pilates, à mille lieues d’une préoccupation esthétique ou d’une activité à la mode.

La pratique avec petit matériel va venir cibler, préciser, aiguiller la perception vers plus de finesse, de spécificité, de différenciation, dans l’effort.

Elle va permettre d’enrichir les sensations et ainsi de pouvoir faire varier la réponse /les réponses à apporter lors d’un effort mais aussi bien sûr dans le quotidien; je dis souvent aux élèves : vous avez un corps tout le temps et pas uniquement pendant le cours…

En savoir plus sur Thomas Hanna