Joseph Pilates a systématisé un ensemble d’exercices, en a fait une “méthode” avec des “principes”. C’est bien là son génie car c’est ce qui est parvenu jusqu’à nous et qui fait son succès aujourd’hui dans notre société si friande de “prêt à consommer” et de solutions miracles aux divers problèmes. En première ligne : stress et maux de dos, directement liés à une conscience corporelle parfois très limitée, au cours d’une existence plutôt sédentaire où l’on perd en quittant l’enfance la spontanéité du mouvement et le goût de “jouer” avec son corps.
Le “Pilates” comme on dit aujourd’hui, est comme toutes les pratiques d’ailleurs, le reflet d’un enseignant, de sa vision du corps et de l’activité physique, voire de sa philosophie de vie et de son histoire personnelle, tout cela dans le meilleur des cas ! Sinon c’est simplement une gymnastique apprise, plus ou moins bien comprise et qui n’aura de bienfaits pour votre dos que par ce que vous y projetez positivement.
C’est dire que le “Pilates “comme tout, n’est en rien une solution, une “méthode” et il ne vaut que parce qu’il est pensé, repensé, ressenti, retravaillé à l’aune des connaissances, des évolutions et des besoins en matière de pratique et de mouvement.
La “méthode Pilates” est un aspect de la pratique corporelle, du “fitness” qui s’inscrit dans un large mouvement de culture physique: consulter l’excellent site bien documenté de Warwick Maloney à ce propos. Ce mouvement dont nous recueillons aujourd’hui les diverses influences a démarré en Europe au 19ème siècle lors des débuts de l’industrialisation. Les diverses conceptions de la pratique corporelle se retrouvent encore aujourd’hui dans notre société contemporaine.
Pour résumer l’article de Warwick qui cite de nombreuses sources, ce mouvement se compose de 3 vagues décrites dans le schéma ci-dessus.
- les “gymnastes” : développement de la culture physique en Europe avec le goût d’une pratique callisthénique (recherche d’une esthétique corporelle en lien avec des exercices adaptés souvent avec le poids de son propre corps)
- Les “strongman” : développement d’une pratique spectaculaire en lien avec la force et l’apparence de force.
- les “somatiques” : en lien avec le monde des arts de la scène (danse, cirque, théâtre), ce sont des pratiques dites corps-esprit où l’on complète les approches plus physiques par une perception plus globale de la personne.
Même si le Pilates fait plutôt partie de l’approche “somatique, ces trois vagues peuvent être repérées non seulement dans le paysage actuel de la pratique physique mais également dans les diverses manières d’enseigner telle ou telle pratique et le Pilates ne fait pas exception.
Chaque enseignant selon son parcours, son tempérament, la formation suivie sera plus ou moins imprégné de tel ou tel courant. L’accent sera plus ou moins mis sur le renforcement, la proprioception, l’exécution de tel ou tel exercice… L’intégration corps/esprit se fera avec un dosage différent.
A chacun de voir ce qui lui convient en connaissance de cause ! Mais de toute évidence le Pilates est pluriel comme il l’a toujours été et ce dès sa transmission “originelle” aux “elders”.
Gardons les principes et les bénéfices d’une pratique basique et structurante pour remettre les corps d’aplomb, sachons éviter les pièges d’exercices parfois inappropriés sans peur de faire des infidélités à Joseph !